Hello les ptits loups et soyez les bienvenus sur Vendredi c’est “Graphism”, la chronique graphique d’Owni !
Au programme de la semaine, un clip haut en couleurs, des affiches coupées-décalées, une vision particulière du métier de graphiste, des graffitis à Tchernobyl, une représentation de l’anthropocène et un appareil photo vivant qu’il va vous falloir toucher. On terminera sur un WTF avec un Mario qui a un peu changé ;-)
Bon vendredi et… bon “graphism” !
J’espère que vous êtes bien assis car on commence la semaine en fanfare avec ce clip vidéo musical très coloré et animé sur une des chansons de l’album “Both Lights” de AU “OJ”. Réalisé par Takafumi Tsuhiya, cette vidéo va tenter de vous mettre en lévitation avec cet ensemble de couleurs vibrantes dansantes et aériennes. dans le ciel. Ainsi, Takafumi Tsuhiya parle de son travail comme essayant d’être au plus proche de la musique qu’il illustre.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
On continue la semaine avec cette petite série d’affiches assez décalées que je me suis amusé à réaliser. En effet, pas évident de choisir “le bon candidat” ou de peser le pour et le contre sur chaque programme ! Alors pourquoi ne pas imaginer des “mashup” de candidats, des mélanges d’idées, des mélanges visuels, des mélanges… de leurs affiches ? Au final, certains sont plutôt “raccords” ;-)
[ l'image en grand ]
On continue notre revue de la semaine avec cette vidéo d’animation intitulée “Never confuse a single defeat with a final defeat”, comprenez : “Ne confondez jamais un échec avec une défaite”. Cette citation de F. Scott Fitzgerald (à qui l’on doit Gatsby le magnifique) a servi de point de départ pour créer cette jolie animation sur le processus créatif dans le milieu du travail en entreprise. L’idée derrière tout ceci étant de donner du courage aux graphistes, designers, créatifs. Ainsi, ce projet de stage d’été réalisé par Sara Shin a quand même été produit par « BL:ND », animé par David Bauer et mis en musique par le designer sonore David Kamp.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Toujours cette semaine a été mis en avant le travail du photographe Jan Smith qui présente cette série de photos magnifiquement envoûtantes qu’il est allé faire à Tchernobyl. Il a été exactement 26 ans après l’accident nucléaire catastrophique survenu dans la ville ukrainienne, la ville est restée aujourd’hui inhabitée…sauf pour un petit nombre de personnes. Jan Smith a donc décidé de photographier les graffitis de la ville. Il raconte qu’il a ainsi commencé son travail à Pripiat (la ville évacuée après la catastrophe de Tchernobyl) et a été immédiatement attiré par ces graffitis et ce mélange de nostalgie, d’innocence, d’humour dans cet endroit isolé. Certains graffitis sont grands et mis en évidence mais beaucoup sont de petite taille et les trouver était pour Jan Smith, une sorte de quête.
Voici son travail :
On continue encore avec cette animation réalisée par Globaïa pour le court métrage intitulé «Bienvenue à l’anthropocène». Le discours qui se cache derrière cette vidéo est que toute chose vivante affecte ses environs, mais que l’humanité influence désormais tous les aspects de la Terre à une échelle comparable aux grandes forces de la nature. Toute notre histoire est ainsi représentée dans cette période géologique appelée l’holocène – ce “bref” intervalle qui remonte à 10.000 ans. Mais nos actions collectives nous ont amenés dans un territoire inexploré. Un nombre croissant de scientifiques pense que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique qui a besoin d’un nouveau nom – l’anthropocène dont voici une de ses représentations :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
On termine donc sur un projet intriguant intitulé Touchy ! Cet « appareil photo humain » est un concept réalisé par le designer Eric Siu. L’idée est d’être aveuglé “constamment” par ce casque-appareil photo, jusqu’à ce que quelqu’un vous touche et déclenche ainsi l’ouverture des volets automatiques. Ensuite, si le contact physique est continu, l’appareil prend une photo toutes les 10 secondes. Pour un meilleur auto-portrait, Eric Siu recommande de présenter son visage debout face à l’appareil-homme et le regarder droit dans les yeux pendant 10 secondes afin d’obtenir le meilleur portrait possible.
Une façon détournée, avec pour prétexte, la photo, afin de re-créer du contact entre les gens et de pouvoir communiquer de nouveau les uns avec les autres, indépendamment de toute apparence physique.
J’attire donc votre attention sur ce projet car il est en quelque sorte, une expérience d’interaction phénoménologique et sociale qui met vraiment l’accent sur la relation entre donner et recevoir. Le fait également de transformer un être humain en caméra est quelque chose qui ne manque pas d’humour, surtout dans la façon dont est traité le sujet. Une sorte de façon de guérir l’anxiété sociale par le design, en créant des interactions joyeuses.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
On termine notre “Vendredi c’est Graphism” sur un bon petit WTF de derrière les fagots, avec notre ami Mario qui devient complètement fou et qui adopte une attitude drôlement… violente !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Allez hop, pour le mot de la fin, je vous invite à écouter Itsy Bitsy Sunshine, à vous moquer de la télévision Ikea, à vous habiller en Space Invaders, ou encore à vous rendre à Hyères pour le 27e festival international de la mode & de la photographie. Et si ça vous tente, ce week-end, c’est également le Salon International du Livre Ancien, de l’Estampe et du Dessin… pour les amoureux des belles pages ! Oh et s’il vous reste encore un tout petit peu de temps, n’hésitez pas à me suivre sur Instagram, je m’amuse à publier un dessin par jour ;-)
Excellent week-end… et à la semaine prochaine !
]]>Hello :)
C’est vendredi et entre deux rayons de soleil, je vous invite à prendre un bain de zombies, un verre de poke sexuel, une lampée de plan de métro en HTML5, une douche d’installation audiovisuelle, une cuillerée d’application iPad et un grand bol de logos et de marques ! Sacrée programme ! Oh et… pour vous détendre, le WTF de cette semaine s’intéresse à la sexualité et la politique… oulala ! ;-)
Bon vendredi et… bon “graphism” !
Allez hop, on commence le début de notre semaine avec ces superbes dessins à l’aquarelle de… morts-vivants ! Nous imaginons souvent que les zombies et autres créatures de ce genre sont des êtres sans amour, et bien détrompez-vous, car Kelly DiPucchio a écrit un livre pour enfants qui raconte l’histoire de l’aimable Mortimer qui va faire tout ce qu’il peut pour rencontrer la femme de sa vie. Malheureusement, les femmes ne sont pas vraiment réceptives à ses attentions très… “zombiesques” ! Heureusement, Mortimer a plus d’un tour dans son sac… ;-) À noter que c’est l’artiste Scott Campbell qui a réalisé les illustrations… des aquarelles douces et amères comme on les aime :)
Bon sinon… il reste des zombies qui font peur ;-)
On continue avec un drôle de projet que celui que je vais vous présenter… mais rassurez-vous, il est tout à fait « correct » ! Le « LikeBelt » est la manifestation tangible de Facebook. Avec la technologie sans contact NFC (Near Field Communication), il vous suffira d’avoir votre téléphone NFC Android, ainsi qu’une puce RFID et vous êtes libre pour poker les lieux physiques, réels ! Oui, vous pourrez communiquer l’amour numérique que vous portez à vos amis Facebook tout en leur montrant… physiquement !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Cette semaine est également est sorti un projet tout simple, que j’ai réalisé avec Barbara Chabriw ! Le site s’appelle SubLyn et a pour point de départ que les sites de transports en commun sont tout en Flash ou avec des PDF et beaucoup de choses parfois pas très pratiques et parfois un peu longues et complexes à manipuler, ou à charger. Comme, je passais mon temps sur Google Images à chercher un plan de métro d’assez bon format pour me repérer rapidement… j’ai décidé que j’allais me créer un site plus pratique… quitte à ce qu’il serve à d’autres.
Ainsi, SubLyn est né.
SubLyn souhaite donc proposer un plan du métro parisien géographiquement plus exact que le plan officiel de la RATP et relié en temps réel aux tweets sur chaque ligne de métro. Par exemple, je souhaite rapidement partir à Gare du Nord depuis chez moi, je vois que je dois prendre la ligne 1 jusqu’à Châtelet puis le RER B jusqu’à la Gare du Nord, j’en profite par la même occasion pour regarder un peu l’activité de ces lignes avec Twitter en cliquant sur la petite icône « Ligne 1 » puis la petite icône « RER B ». Des contrôleurs par-ci, des problèmes de rames par-là, un chanteur à telle station ou encore une jolie fille dans une autre, bref, la vraie vie du métro.
À noter que l’idée n’est donc pas du tout de faire de la concurrence au site de la RATP, mais plutôt d’offrir un petit site pratique avec le pouls du métro… c’est donc sans prétention, et si ça peut vous être utile, j’en suis le premier ravi !
Découvrez SubLyn mais attention, le site est encore en bêta ! | source
Avec certaines installations audiovisuelles, on apprécie la simplicité… Et tel est le cas avec le premier chapitre de ce travail réalisé avec Squeaky Lobster et Romain Tardy membre d’AntiVJ. Cette installation polyvalente s’intitule “Battleships” et utilise une grille de lumières et de la vidéoprojection en noir et blanc… Ici, pas de couleurs flashy mais juste une forme minimaliste et deux couleurs contrastées qui vont faire rougir certains experts en cartographie. Apparemment, c’est un travail en cours et la structure va changer pour chaque nouvelle étape. Le tout restera construit avec les mêmes modules carrés.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Voici une application iPad qui fait honneur à l’esprit des mathématiques modernes ! Cette histoire interactive des mathématiques couvre une période allant de l’an 1000 à 1950, et présente le lien profond entre IBM et l’équipe de designers légendaires Charles et Ray Eames. En 1950 lorsque les Eames ont été appelés par l’ex-PDG d’IBM, Thomas Watson, pour un film, leur passion commune pour les mathématiques et les sciences a pu être révélée au grand jour et ainsi évoluer en une relation rare entre IBM, les mathématiques et le design. Parfait donc pour les amoureux des chiffres, des sciences et du design.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Toujours cette semaine, j’ai découvert cette immersion dans l’univers des identités visuelles et notamment la possibilité de remonter aux origines des noms des marques ! En effet, combien de logos voyons-nous chaque jour et dont nous ignorons les origines, le sens profond lié à la marque ? Même au sein des grandes entreprises, combien d’employés ignorent ce que le logo et le nom de leur entreprise signifient ? Afin d’apprendre, de découvrir et de comprendre l’histoire qui se cache derrière de nombreuses sociétés, voici cette liste visuelle des plus célèbres entreprises au monde.
Le WTF de cette semaine est un étrange mélange entre politique et sexe ! Bouh ! Cette infographie vidéo animée, réalisée par 2FACTORY Agency, reprend les chiffres publiés dans l’enquête sur les mœurs des Français et leurs orientations politiques, réalisée par Ifop pour Hot vidéo du 24 février au 1er mars 2012 auprès d’un échantillon de 1 411 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus…
On en apprend des vertes et des pas mûres sur les gens de gauche, de droite, du centre, les écolos, etc. ;-) Attention toutefois, cette vidéo est quand même #NSFW et pas pour les enfants ! C’est dit.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Merci Julie
Oui, ‘dredi c’est Graphism est terminé pour aujourd’hui, mais rassurez-vous je vous laisse en bonne compagnie avec ce kit pour la fin du monde, avec cette œuvre réalisée sur Mac OS, ou encore avec ce Yo Mamma version designer !
En attendant la semaine prochaine, soyez bien sage, allez voter, et réservez votre train pour le web2day de Nantes ! :)
]]>C’est l’histoire d’un cafard. Un cafard qui a dit un mot de trop et entraîné son créateur dans un tourbillon de plusieurs années. L’insecte est né sous les traits de crayon du dessinateur iranien Mana Neyestani. En 2006, il travaille dans la rubrique jeunesse du supplément week-end du journal Iran. Il imagine un jour une conversation entre un petit garçon et un cafard. Le titre de cette planche : “Comment se débarrasser d’un cafard ?”. À l’enfant, le cafard répond en utilisant un mot du dialecte azéri : “Namana”.
Une semaine plus tard, les troubles commencent dans le Nord-Ouest de l’Iran, une région désignée comme l’Azerbaïdjan iranien. Le dessin serait une énième offense aux habitants et à leurs traditions ; la question des minorités reste sensible dans cet État jacobin. Mana Neyestani est arrêté et détenu dans le quartier 209 de la prison d’Evin à Téhéran, le tristement célèbre quartier réservé aux prisonniers politiques.
Après plusieurs mois de détention, le dessinateur fuit à Dubaï avec sa femme à la faveur d’une remise en liberté provisoire. Il rejoint ensuite la Turquie, puis la Malaisie où ils restent plus de quatre ans, avant d’arriver à Paris en février 2011. Cette descente aux enfers, Mana Neyestani la raconte dans Une métamorphose iranienne, à paraître le 16 février.
En face de son “café allongé” – “la seule expression dont j’arrive à me souvenir en français” assure-t-il – Mana Neyestani ironise sur son aventure. Il se souvient avec sarcasmes de son interrogateur, un certain M. Maleki, probable agent d ces services de sécurité tant redoutés, ettelâ’at. Le dessinateur ne se fait aucune illusion sur l’identité toute relative de l’agent, ni sur ses intentions faussement louables.
La plupart des prisonniers politiques ne voient pas le visage de leurs interrogateurs. En un sens, je suis un peu privilégié… J’ai rencontré Maleki à la prison d’Evin. J’avais le droit de le voir, on voulait que je le vois. Il prétendait être une personne cultivée et intelligente – ce qu’il n’était pas. Moi je le laissais dire. Je suggérais qu’il était bien supérieur à moi.
Le témoignage de première main d’un ancien prisonnier est rare. Les images de l’intérieur de la prison n’existent pas. Dans son album, Mana Neyestani dessine sa cellule, ses co-détenus, sans tabous. Il raconte la condition des Afghans entassés dans des cellules, les drogués en crise de manque spoliés et manipulés par des escrocs peu scrupuleux, les défenseurs des droits humains un peu trop zélés aux yeux du gouvernement.
Cette approche documentaire sensible et sans pathos a immédiatement séduit Serge Ewenczyk, son éditeur. En avril 2011, il reçoit Une métamorphose iranienne presque achevé et traduit en anglais par un ami du dessinateur. Il répond illico. Le lendemain, ils se rencontrent.
Son histoire est ahurissante. Elle est racontée avec sobriété tout en montrant une maestria technique. La France suit avec beaucoup d’intérêt l’actualité iranienne, surtout depuis 2009, mais Mana Neyestani décrit de la période d’avant.
Avant la réélection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad et la sanglante répression qui a suivi. Mana Neyestani avait déjà quitté le pays. Il a fait partie de cette génération de dessinateurs à avoir connu l’embelli des années Khatami, le président réformateur entre 1997 et 2005.
Né en 1973, il dit n’avoir pas beaucoup de souvenirs antérieur à la révolution de 1979 et à la guerre contre l’Irak qui a commencé un an après. “C’était une décennie horrible. Le régime, la guerre, tout ça a détruit notre enfance. Cette période était si sombre. Tout était interdit, des tas de gens étaient arrêtés et exécutés. Marjane Satrapi [auteure de la bande dessinée Persépolis, NDLR] décrit très bien l’atmosphère de cette époque.”
Il grandit dans le centre de Téhéran, à Abass Abad, alors que le pays est en guerre et que le régime s’installe dans la douleur. Aujourd’hui, il parle avec une pointe de nostalgie de ces vingt années passées dans la même maison. “J’ai toujours aimé rester chez moi, avoir une situation stable. C’est un clin d’oeil du destin qui m’a fait voyager autour du monde comme Marco Polo. Et en même temps, ne pas être très sociable m’a sans doute sauvé !” lance-t-il dans un éclat de rire.
Lors de la première grande révolte des étudiants en 1999, il reste chez lui. Dessinateur de presse, il ne connaît que quelques uns de ses confrères, au grand regret de son interrogateur, M. Maleki, qui voulait le retourner et l’utiliser pour avoir des informations sur les journalistes et intellectuels. Comme beaucoup, il a vécu l’arrivée au pouvoir de Mohammad Khatami avec beaucoup d’espoir. Peu de publications critiques existaient jusque là. Pendant ses études d’architecture à la faculté d’arts plastiques de l’université de Téhéran, il travaille pour des publications spécialisées sur l’économie grâce à son frère Touka Neyestani, dessinateur lui aussi. Puis pour la presse, notamment Adineh (Vendredi en persan) puis Irane Farda (L’Iran de demain), créé par l’intellectuel réformateur Ezzatollah Sahabi.
Ses dessins n’étaient pas toujours politiques, même si “en Iran tout est politique” affirme-t-il.
Nous devons trouver des moyens d’échapper au contrôle et à la censure par la métaphore. Un peu comme en Europe de l’Est sous l’Union soviétique. En Iran, c’est peut-être pire encore !
Avec l’arrivée des réformateurs, il tend à rendre ses dessins plus accessibles, plus facilement compréhensibles. A ce moment se rencontrent deux tendances de la caricature iranienne. D’un côté, les dessins humoristiques et populaires qui paraissaient dans le magazine Tofigh avant la révolution. D’un autre, une tendance plus politique, portée dans des intellectuels comme Ardeshir Mohasses, “son père spirituel”, au même titre que Claude Serre, le caricaturiste français qui l’a beaucoup influencé.
Mana Neyestani a soutenu Khatami, voté pour lui deux fois, en 1997 et 2001. En 2009, il a voté pour le candidat réformateur Mir Hossein Moussavi. “On avait beaucoup d’espoir. Il pouvait un peu changer le régime, pas tout, mais un peu.” Il n’a pas été élu, signant un nouveau report sine die de son retour en Iran. Mana Neyestani vit aujourd’hui en France, accueilli par la mairie de Paris en partenariat avec l’International Cities Of Refuge Network (ICORN), et travaille notamment plusieurs sites d’information. Il met notamment en scène la famille Dargir et ses contradictions. Une tension entre modernité et traditions qu’incarne le grand-père, “Baba bozorg”, épice et poil à gratter qui ne ménage pas son franc-parler.
Il ne représente pas l’Iran, il en est une partie. Vous savez, la question de l’identité est très importante en Iran. C’est de ça que nous parle Kafka dans La Métamorphose. Tout le monde a peur de perdre son identité.
Petit tour d’horizon de 30 affiches qui valent le détour pour un mag qui a su maintenir l’illustration journalistique au rang d’art.
1. Bek
2. Art Spiegelman – 11 septembre 2001
3. Mort de Ben Laden
4.
5. Sempé
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18. David Hockney – couverture réalisée sur Ipad
19. Accident nucléaire de Fukushima
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
Et la plus controversée qui caricaturait les critiques adressées à Barack Obama pendant la campagne présidentielle
Crédits photo FlickR cc by Karen Horton
]]>Luz est un des piliers de Charlie Hebdo. Dessinateur politique à l’humour acéré, c’est aussi un jouisseur pour qui le DJing est l’occasion de se vautrer dans une luxure d’esthète : celle de transmettre sa vision musicale en faisant danser les gens. Où quand un trentenaire humaniste à la culture rock est arrivé, en prenant les chemins du plaisir, à faire le lien avec les perspectives de l’electro. D’où le jouissif “King of Klub“, dernier recueil en date.
Et quand Luz le caricaturiste politique met son art de l’observation au service de la musique live, il en révèle les plus lointains et primaires soubassements. Et quant à la question ô combien récurrente de l’état du clubbing français, Luz apporte quelques réponses… basées sur le rythme, la basse, et … « une hystérie spatio-metal ». Luz + musique = voyage.
Le lien s’est fait tout seul car je suis devenu DJ à une période où le DJ n’était plus méprisé des rockers. C’était la belle affaire des années 2000, après l’arrivée des 2 Many DJs, qui ont eu cette bonne inspiration de mélanger tous les styles musicaux, en passant du coq à l’âne. Je suis arrivé là-dedans par hasard. C’était par l’intermédiaire de l’équipe du magazine Magic. Ils m’ont fait mixer dans une soirée Blur. Ils se sont aperçus que je n’avais passé aucun titre de ce groupe, alors ils ont décrété que j’étais un très bon DJ et qu’il fallait que je recommence.
Ce qui m’a intéressé, c’est le fait de pouvoir transmettre des envies musicales, en établissant un lien de confiance avec le public en face de moi. Et cela sans être ennuyeux… C’est mon obsession depuis que je suis gamin : comment transmettre la musique à des gens qui ne la connaissent pas.
Mon anti-conception plutôt, c’est ce que m’a dit un DJ rock un jour : « Il faut pouvoir être plus intelligent que ton public ». Je me suis demandé ce que ça pouvait bien signifier… Mais il avait un collier à boules en bois, et en général tu portes assez peu de crédit à quelqu’un qui porte ça. Et j’ai eu la conviction que je ne voulais pas ressembler à ce genre d’individu. Car quand tu mixes, tu amènes une partie de toi-même. Quand tu mixes chez les autres, il faut d’abord écouter les disques chez soi, dans l’intimité. Et la transmission de cette intimité passe aussi par ce que tu veux présenter de toi. Cela change tous les jours, toutes les semaines. Donc un DJ qui sait d’avance ce qu’il va passer, du premier au dernier morceau, ce n’est pas un DJ… OK il sait enchaîner mais sans plus. Tu dois construire une histoire en direct. Donc : improvisation, de telle sorte que, racontant ton histoire, les gens te racontent la leur. Si tout d’un coup il n’y a plus de réaction, ou si au contraire ça réagit sur un morceau, c’est une information, ça a un sens. Et cela change ta manière de raconter l’histoire.
A mort. Surtout que le premier intérêt de tout cela, c’est cette mise en danger. C’est ce qui m’a tout de suite plu : le fait que les gens voient ton travail en direct, ce que tu n’as pas dans le dessin. Et aussi ce qui est bien, c’est d’accomplir ce rêve d’adolescent, d’arriver et de dire « Bonsoir Paris ! »… quand tu es à Paris. Ou « Bonsoir Dijon ! » quand tu es à Dijon. Donc ça caresse l’égo, à condition de mettre des choses qui viennent de toi. Si tu ne mets que des tubes du moment, OK les gens sont contents, mais qu’as-tu amené de toi ? Être DJ, c’est le meilleur moyen d’aller dans une soirée où il y a de la bonne musique puisque c’est la tienne qui passe. Donc si tu ne passes que ce que les gens attendent, tu finis par passer de la merde. Donc tu passes de la musique que tu défends. Ca m’est arrivé de jouer ce que les gens attendaient, car parfois on se cherche… Mais à quoi ça sert ? Cela dit il ne faut pas être non plus dans le plan ultra-autiste du mec qui ne fait pas attention à ce qu’il y a autour de lui.
Le festival Benicassim quand j’ai joué dans la tente Pop. J’avais mixé tard, à 4h du matin. Je devais mixer une heure et demie. Avant ça, ambiance Benicassim, Espagne… J’avais fait Pac Man toute la journée. Tout y est passé. Tout. Les copains me disaient que je ne pouvais pas monter sur scène. Moi ça allait très bien, j’étais super conscient. J’étais dans un état de sur-stonerie et je voyais très bien ce que je voulais faire. J’ai pris les platines. Je me suis lancé dans un show bizarre. Je me suis dessiné sur le corps, des trucs comme ça… A un moment, j’ai passé un morceau des Breeders, et un deuxième, car j’ai raté mon enchaînement avec l’autre morceau que j’avais prévu. Mais personne ne s’en est aperçu tellement les gens étaient à bloc.
Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes.
Bref, tout roulait. A un moment, j’ai eu envie de silence, j’ai mis « Hallelujah » de Jeff Buckley, ça a scotché tout le monde, moi y compris. Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes. Mais les gens se tenaient par la main, s’embrassaient, pleuraient. Tout le monde a eu la même remontée de drogue au même moment. C’était LOVE ! J’en ai encore des frissons. Voilà, ça c’était très intime : on se sent bien ensemble, on teste un truc. Si les gens se sentent bien avec toi, on se sent beaucoup plus libre d’essayer.
Pacman la nuit, Pacman le jour : les deux visages d'un héros très populaire, entre lesquels la joie s'infiltre.
Je n’ai pas l’impression. Ou alors c’est le fait de vouloir faire plus Ed Banger que Ed Banger. Alors ça c’est très français. Et ça c’est très très dur. Surtout quand tu as une soirée en France avec Ed Banger et les clones de Ed Banger réunis. Je me souviens d’une soirée au Rex, comme ça. C’était plus possible.
Justice sur NRJ, c’était comme une grande victoire.
Mais je trouve ça bien, Ed Banger. Je trouve ça bien qu’il y ait une marque qui signifie à l’international qu’il se passe quelque chose en France, mais aussi qui signifie aux français qu’il se passe quelque chose chez eux. Et que cela traverse la barricade de la radio populaire. La première fois que j’ai entendu Justice sur NRJ, c’était comme une grande victoire, même si c’est une radio mainstream. Normalement, quand tu es un groupe français qui fait de la musique instrumentale, tu n’es pas sur les ondes, ce que j’ai compris un jour où Jean-Michel Jarre pleurnichait, car il n’est pas considéré comme de la musique française. Donc il ne rentre pas dans les quotas. Alors si la musique française qui ne rentre pas dans les quotas arrive à percer les quotas et devenir mainstream, c’est intéressant. C’est un combat gagné, en tous cas une brèche.
Le clubber en moi est multiple ! En tant que clubber j’aime être surpris. J’aime quand je suis au bar et me faire avoir par le DJ, de telle sorte que je suis attiré sur le dancefloor.
N’importe laquelle. Cela dit il me faut de la basse. Une basse roulante, un drive. Qui me malaxe les couilles. De la basse physique. Et ça tu l’as dans presque toutes les musiques.
Oui. Il a été étiqueté electro-rock, alors que c’est un discoboy. Il écoute de la disco. Sauf qu’il est passé par le grunge, plein d’autres choses… Mais il a une manière disco. LCD a été très important, car j’ai compris que ce que j’écoutais depuis des années pouvait être joyeux. La première fois que je suis tombé sur le EP « Losing My Edge », j’étais à fond dans le post-punk genre The Fall, du punk intellectuel… Et tout d’un coup j’entends ça, qui est du The Fall avec un truc dans le slip, jouissif, chaloupé. J’aime le chaloupement. C’est ce qui me fait aller sur le dancefloor comme attiré par le joueur de flûte qui attire les rats. Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor. Ca c’est vraiment excitant. Donc avec « Losing My Edge », j’ai compris que la musique n’était pas uniquement faite pour écouter chez soi. Il y a une transmission. Un besoin de se libérer de l’écoute intime pour la partager avec les autres sur le dancefloor.
Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor.
LCD, c’est la quintessence de ce que j’aime car c’est un passeur. Il assume de dire que sa musique, il ne la crée pas de rien. Il y a des influences Eno, Bowie, disco, punk, pop. C’est une musique qui te dit : « commence par moi, et vas chercher ailleurs ». Un de mes amis m’a dit : « Je suis très jaloux des jeunes gens qui ont découvert la musique avec LCD Soundsystem ». C’est magnifique. Je suis aussi très jaloux… J’ai découvert des choses avec LCD, mais j’en connaissais pas mal. Il a fait naître des auditeurs electro-rock. Ni electro ni rock… ni pop mais pop en même temps. Ni hip-hop mais hip-hop en même temps. Et donc ces auditeurs sont obligés d’aller voir ailleurs pour trouver encore mieux. Il a cette humilité de dire « Je ne suis pas le meilleur groupe du monde. Les meilleurs groupes du monde, je les ai écoutés et ils passent à travers moi ».
Quand tu es sur le dancefloor en France, il faut pouvoir exprimer au DJ qu’il doit te mériter. C’est insupportable, et c’est très français. Il y a un problème français tout court, le même dans tous les secteurs culturels. La prétention d’être détenteur d’un passé glorieux et de tout mesurer à l’aune de cette référence. On fait la morale à tout le monde et on a du mal à regarder ce qu’on fait nous-mêmes. On se targue de Hugo, de Balzac, d’être un grand pays de littérature alors qu’en la matière on ne fait plus rien depuis des années. En musique électronique, on peut dire qu’il y a eu Daft Punk. So what ? OK, il y a eu ce truc prestigieux car d’un coup l’international nous a regardés.
Luz, qui dessine souvent la Une de Charlie Hebdo, prouve qu'on peut être DJ et avoir de l'humour. Rare.
Les anglais ont quelque chose de très bien : le NME. Un journal où la musique populaire est traitée pour ce qu’elle est : superficielle. Et on en parle de manière superficielle. On assume cette idée. On ne fait pas semblant de croire que la musique, c’est de l’histoire. Les groupes qui sont présentés sont des kleenex, ils se bagarrent entre eux, on leur pose des questions vachardes et après on les jette. Comme les groupes ont conscience d’être des kleenex, ils sont plus libres que les autres. Ils savent qu’on peut les jeter au bout de trois ans, mais qu’au bout de dix ans ils peuvent réapparaître avec un autre projet. Chez nous, les groupes sont des mouchoirs en soie, on se branle dedans et on les met sous un cadre avec des moulures.
Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux.
Je constate ça dans la chanson française : il faut rentrer dans cette petite photo où il y a Brassens, Brel et Ferré, pour être le quatrième… En pop/rock, si c’est chanté en anglais, ça se voudra très sérieux. Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux. La manière de prendre des drogues, c’est sérieux. La manière de boire, c’est sérieux.
Il y a des spécificités de culture. L’esprit français, ça existe. Cette petite prétention permanente. Les clubbers français attendent l’excellence. Ils veulent avoir le moment historique. Mais bon, ça suffit ! On est aussi là pour prendre du plaisir ! Alors maintenant qu’à Paris il y a très peu de clubs et qu’ils sont très chers, on va à l’étranger.
Je n’en sais rien… Un truc qui me fait marrer, c’est quand les gens disent qu’ils ne vont plus en club car les boissons sont trop chères. J’ai envie de leur dire « T’as qu’à danser, connard, et après tu bois un coca ! ». Si aller en club, c’est uniquement pour se saoûler la gueule, tant pis. Après, je ne sais pas vraiment où se situe la faille, en France. C’est moins fun.
Oui. C’est plus simple.
Ouh là oui, c’est un gros mot ! Moi j’assume la superficialité. En tant que DJ, j’ai le souci de transmettre des « valeurs musicales », une façon d’écouter la musique que j’aime, une sensibilité. Mais si les gens n’aiment pas et restent au bar, ce n’est pas grave. S’ils ne se barrent pas, c’est déjà une bonne soirée pour eux.
Mais si tu vas dans un petit club à Paris, tu auras un mec derrière son laptop, qui te regarde avec une condescendance d’insupportable connard. Tu t’en fous, tu es venu danser. Mais tu ne peux pas ! Car son truc, c’est de faire de la bande kilométrique sous Traktor. Et tu te dis, « Qu’est-ce que je fous là, je ne suis pas là pour la musique ?!? », justement d’ailleurs parce que le mec n’est pas là pour la musique. Si le DJ est là pour la musique, il est là pour transmettre quelque chose de la musique. Son petit set sous Traktor, on s’en branle.
Le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même.
A fond ! Bon, c’est super pour faire des enchaînements. Je suis désespéré de ne pas savoir faire de vrais mix, je ne serai toute ma vie qu’un selector mineur. Mais le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même. 124bpm. Fuck ! En tant que clubber, je veux me faire gifler ! Me faire fouetter ! J’ai envie qu’on m’embarque ailleurs, que ça ne soit pas monorythmique. Ce qui tue le clubbing, c’est le monorythme. Si c’est du très bas bpm, ça peut à la limite t’embarquer dans un truc un peu spatial, tout dépend de ce que tu as fait avant, pendant, et de ce que tu feras peut-être après. Mais si tu fais du Ed Banger ou de la minimale allemande et que tu as toujours le même rythme, finalement, c’est pas plus intéressant que la musique du Buddha Bar. Papier peint sonore. Pour moi le rythme est un élément essentiel du DJing. Jouer avec, pouvoir le casser, le ralentir, l’augmenter, le fracasser. C’est ça qui était intéressant dans les productions de Ed Banger à un certain moment, c’était le cassage de rythme. Du côté de chez Institubes il y a eu des choses pas mal de ce point de vue là aussi. Mais 4 ou 6 heures sur un rythme identique, c’est difficilement tenable.
J’ai dansé là-dessus, qui suis-je ?
C’est pour ça que j’aimais bien les sets de Jean Nippon. Il y a un lien entre le R&B et le hardcore sans que ce soit simplement juxtaposé ! Il m’a foutu en transe ! Comment il a réussi à me faire danser sur du zouk, alors que deux secondes j’étais à bloc sur une hystérie spatio-metal, je ne comprends pas. Il réussit à te faire te surprendre toi-même. Tu te dis, « J’ai dansé là-dessus, qu’est-ce qui s’est passé ? Qui suis-je (rires) ? ». Quand c’est toujours le même rythme, ça arrive difficilement.
La couverture du salvateur "King of Klub", qui démystifie les dieux vivants du DJing à la française.
Non, car idéaliser les gens les rend difficiles à dessiner. Par exemple, Philippe Katerine. Quand j’ai voulu le dessiner en concert pendant les premiers morceaux, ça ne marchait pas du tout. Parce que je l’avais déjà beaucoup vu à la télévision, il faisait partie de ma famille visuelle. Genre Sarkozy on le voit tellement à la télévision, on croit que c’est le voisin de palier. On ne remarque plus rien. Si je devais voir un concert de Bowie, ça serait difficile pour moi de le dessiner très vite. Par contre, ce qui est intéressant dans les dessins de concert, c’est de ne pas aller dans le portrait. Alors ça me change de mon travail de caricaturiste. C’est mon repos. Tu n’as pas besoin de faire quelque chose de ressemblant.
Oui car on est dans le reportage. Et on peut mettre en scène du fantasme. C’est pour ça que j’aime bien le travail que je fais avec Stéphanie Meylan (sa compagne, NDA). En concert elle fait des portraits photo très rapprochés. C’est une fan qui voudrait lécher la joue de chaque musicien. Donc moi ça me dégage de l’obligation de faire un dessin ressemblant. Je m’attache donc à la justesse des mouvements, à la bonne représentation de la façon dont quelqu’un veut représenter sa musique sur scène. C’est ça que j’aime dans le live : la manière qu’ont les gens de s’auto-représenter et de représenter leur travail.
Oui, parce que si je vais dessiner un concert folk, ça pourra être très joli, mais ça sera sans intérêt. Parce que je ne vais pas bouger… Sauf à de rares exceptions. Comme quand j’ai dessiné Antony and the Johnsons. Il y a un truc qui s’est passé entre moi et, euh… Antony (rires) ! Tout d’un coup il a dégagé un truc, alors qu’il ne fout rien. Il a une tronche, un corps bizarre, mais il est arrivé un dépassement de ce corps que j’ai pu essayer de traduire en dessin.
"Celui qui faire danser les filles saura, en feu le dancefloor mettra." (Tables de la Loi du DJ, verset 66)
Oui, plus que du fantasme. Il faut que le concert s’écrive sur moi, pour que je puisse le dessiner.
Oui. C’est cette énergie qui est super excitante quand on dessine. Moi je dessine en apnée. A chaque trait, je ne respire pas. Quand tu dessines dans un concert, tu es obligé d’arrêter de danser, à un moment donné. Et c’est génial. Tout d’un coup, tu ressens juste la musique. Et donc le dessin est un moyen de se remplir de l’énergie de l’autre. Et puis je ne suis pas un bon portraitiste, donc je vais vers la caricature. Du coup, j’assume de ne pas traduire la réalité, mais l’énergie. Comme l’énergie ça n’existe pas, la réalité de l’énergie se réinvente en permanence.
Je parlerais plutôt des Dead Kennedys. Il y a une démarche politique précise, et une démarche artistique qui s’assume en dehors de la politique, qui relève plutôt de la manière de chanter du chanteur Jello Biafra. Il montre qu’il a du recul sur son propre discours. Et il y a une manière de jouer en live avec la politique qui est unique. Il se drape toujours dans le discours du salaud, pour le rendre ridicule. Quand Biafra chante, ce n’est pas lui qui chante. Biafra chante les comportements d’une crapule. Sur scène, c’est un grand théâtre… Dans « California Über Alles » (chanson mythique des Dead Kennedys de 1979, portant sur la politique du gouverneur de Californie de l’époque, Jerry Brown – NDA), il imitait Jerry Brown, puis Schwarzenegger. Et il va réimiter Jerry Brown.
Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique.
Bref, ici, la politique, elle est déjà dans la manière de jouer la musique. Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique. La musique politique, ça a du sens. C’est la musique qui n’est pas circonscrite. La musique circonscrite, c’est de la musique fasciste. Genre les derniers albums de Madonna. Elle est dans un genre dont elle ne sort pas. Elle a vocation à drainer les foules non pas pour transmettre quelque chose de la musique mais pour gagner de l’argent. Elle ne donne rien, elle ne partage pas, ne pose pas de questions.
Jello Biafra, chanteur des Dead Kennedys, groupe légendaire du punk américain (ici dans ses jeunes années)
Oui… J’ai un ressenti très particulier quand j’entends certains morceaux, par exemple le premier album de Superpitcher, qui continue de me questionner en permanence. C’est pour moi de la véritable musique politique, parce que ça libère, ça fait avancer sur autre chose. Physiquement, tu peux ressentir de la mélancolie, et donc tu te demandes, « qu’est-ce que ça veut dire de moi ? », et donc on peut trouver des réponses qu’on ne trouvera pas dans un discours politique, et qui feront avancer aussi. Je préfère la musique politique aux chansons politiques.
En fait Iggy n’est pas un objet de musée. Je l’ai revu il y a quelques mois. Ses concerts sont d’une générosité incroyable. Il donne beaucoup et va chercher le public, le provoque. Il ne fout plus sa bite à l’air, cela dit. C’était une marque de fabrique. Mais s’il foutait encore sa bite à l’air, ça poserait un problème. C’est peut-être plus très joli à voir (Iggy est né en 1947, NDA). Bref, c’était un concert à Paléo, un gros festival suisse. Des gens étaient déçus, car ils venaient voir l’icône, et ils demandaient, « mais comment un type de son âge peut-il faire des choses pareilles ? ». Et là, Iggy était venu chercher les gens, un peu comme Saint Sébastien, tout le temps à montrer son torse, façon de dire aux gens « Réagissez, je suis peut-être votre idole, je suis peut-être un vieux con, mais réagissez, je veux que vous ayez une réaction autre que celle que vous avez d’habitude ».
L'affiche d'une exposition dédiée à "Trois premiers morceaux sans flash", le livre de Stefmel et Luz mêlant photos de concert et dessins. Ici : Iggy, tout en peau.
Ozzy, premier album génial, mais Ozzy on s’en fout (rires) ! Par contre, Suicide, c’est intéressant. Ils vieillissent bien.
La mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir.
C’est un exploit… Musicalement, même le dernier album de Martin Rev (un des deux membres de Suicide – NDA), sur la mort de sa femme. Il a écrit une musique très symphonique… Le type propose un monde intérieur rare, alors même que c’est du pur rock’n roll. Ils ne se sont jamais demandé s’ils faisaient de la musique électronique. C’est beaucoup plus rock’n roll que les White Stripes. C’est une réinvention. L’album d’Alan Vega (le chanteur de Suicide – NDA) avec Marc Hurtado qui s’appelle « Sniper », c’est hyper bien, à part quelques poncifs. Ils te balancent dans les tréfonds. Vega t’embarque dans ses tripes. D’ailleurs, la mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir. Mais ça serait l’expérience la plus géniale. Voilà, cet album est comme ça (rires). Eux, Suicide, vieillissent bien. Ils ont quelque chose à proposer tellement ils se mettent encore en danger. Le fait de mettre par terre devant les autres son intimité est éminemment politique. Le rock’n roll a été une forme de proposition. Qui, aujourd’hui, fait ce genre de proposition là ? Je ne sais pas si les White Stripes vont bien vieillir. D’ailleurs ils viennent de se séparer. Les Kills, peut-être. Mais c’est déjà vieux. En tous cas ça vieillira beaucoup mieux que les BB Brunes ! (Rires de fin).
–
Crédit photo “Luz et sa compagne Stéphanie Meylan, photographe” : Renaud Monfourny
Article initialement publié sur Culture DJ
Bonjour et bon vendredi !
Et oui, aujourd’hui un numéro spécial “à la main”, où je vous présente le compte rendu de la semaine en design, en illustration, en typographie… mais sous l’angle du “fait-main” avec la patte de l’artiste, le coup de crayon du designer, la fluidité du calligraphe, le coup de gomme du dessinateur de BD, j’en passe ;-) Au programme cette semaine, je vous invite donc à découvrir le travail de croquis de logos de Matt Braun, les illustrations de Tobias Lunchbreath, la typo calligraphiée de Frank Ortmann, le journal fait-main de Aleksey Belyalov, le parapluie de Leen Sadder et un petit WTF signé par Cham du Collectif 404 !
Bonne lecture :-)
Je sais que je vous montre souvent les logos terminés, finalisés… mais pour ce numéro spécial de Vendredi c’est Graphism, je vous propose de découvrir les croquis de Matt Braun, un talentueux designer qui a eu le courage et le plaisir de montrer l’envers du décors, les étapes préliminaires de ses logos. On appréciera les marques de gomme, les imperfections, les détails, les ratés… Et ce qui est agréable aussi, c’est d’imaginer comment ces croquis pourront prendre forme, prendre vie et être vectorisés par exemple :-)
source | Merci Tobias
Cette semaine, j’ai aussi eu le plaisir de découvrir un dessin réalisé par l’artiste Tobias Lunchbreath qui a illustré d’autres utilisations pour votre poignet ! En effet, il constate que nos vieilles montres sont obsolètes aujourd’hui et se demande bien ce qu’il est possible d’attacher à son poignet !
On a eu le plaisir aussi de découvrir le travail typographique de la couverture pour le dossier “Max Goldt” par le graphiste et calligraphe Frank Ortmann ! On y découvre les étapes de la création de cette couverture, la précision, la patience, le talent et le savoir-faire sont en parfaite harmonie pour un résultat impressionnant. Le geste est également incroyable de finesse et de liberté.. bref, je ne m’en lasse pas !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Cela faisait quelque jours que je souhaitais vous présenter le Journal La Nouvelle ! Il est intégralement fait à la main par Aleksey Belyalov qui s’applique talentueusement pour réaliser un bel ouvrage avec tout simplement des stylos et il colorise ensuite sur l’ensemble Photoshop. Chaque numéro est très élégant et mesure 470×315 mm, et n’a pas de périodicité régulière, voici donc ce à quoi il ressemble
Toujours dans notre thématique sur le “à la main”, voici un parapluie calligraphié par Leen Sadder, qui est le fruit d’un projet pour la classe de Stefan Sagmeister. L’idée est de de toucher le cœur des New-Yorkais, même un jour de pluie avec un parapluie digne de Mary Poppins, d’où son nom “Spoon of sugar”, comme la chanson de Marry Poppins :-)
Le WTF de cette semaine est une bande dessinée sur l’origine du logo de Wikipedia ! Dessinée par Cham du très très bon Collectif404 (où l’on retrouve quand même du beau monde comme : Aurélien, Avétis, Cheap, Jeanne, Juliette, Léob, Manu, Melek, Ragondin, Sans-arcidet et la très talentueuse Skeene), cette BD humanise le petit Wikipedia, un petit garçon bien sage mais qui déprime terriblement… mais WTF quoi ;-)
Le mois de Janvier a vu fleurir son lot de nouveaux projets, de bonnes résolutions (gare à celui qui me dira que sa bonne résolution est 1024×768!) et d’actualités plutôt fraîches. Cette semaine j’ai donc pris un peu le temps de faire une large revue afin de vous présenter les dessins animés de Guillermo Vasquez, les personnages de papier de Terada Design ou encore la vidéo “Mums of Death” ! On ira faire aussi un tour du côté des logos et de leur contreforme, de la conférence de David Rault, et l’on terminera sur un WTF de super héros ;-)
Allez, on commence notre revue de la semaine avec une étonnante vidéo d’animation réalisée avec les illustrations de l’artiste et designer Guillermo Vasquez, également connu sous le nom de Dame Pistachos. Cette animation nous montre son désir de changement et la vitesse à laquelle les choses se passent dans notre vie au cours d’une année. Une vidéo qui incite à commencer 2011 d’une bien joyeuse façon !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Toujours dans le talent, voici quelque chose de très pratique pour les apprentis architectes ou si vous faites des petites maquettes. Cet ensemble de personnages et autres éléments au 1/100e sont réalisés par Terada Design. Ils sont faits uniquement de papier, et sont livrés avec un assortiment de personnes, de chiens, de chats, d’oiseaux, de fleurs, de chaises, de canapés, de tables, de lampes, de vélos, d’herbe et bien plus encore…
On passe du blanc aux couleurs et du papier au pixel art avec une équation simple : “Rums Of Death + Mumdance = MUMS OF DEATH”, le titre de cette vidéo. MUMS of Death est une.. je cite “entité composite encapsulant les rêveries musicales de Mumdance & Drums of Death”. Rien que ça ! En tout cas, cette belle histoire nous guide, nous transporte dans un univers très particulier… À découvrir !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Cette semaine aussi, j’ai publié sur Graphism.fr une suite de logos qui existent par leur contreforme. Cette série n’est pas nouvelle mais c’est toujours un plaisir de redécouvrir ces logos qui utilisent le « vide » pour exister. En effet, vous connaissez très certainement toutes et tous ce fabuleux logo « Carrefour » avec son « C » qui apparaît grâce à son inexistance et surtout grâce au dessin des deux formes autour de ce « C »… Et bien, voici une bonne source d’inspiration si un jour vous voulez vous lancer dans un tel défi !
Je suis très content aussi de pouvoir vous présenter cette vidéo car je regrettais de ne pouvoir vous partager cette conférence de David Rault à laquelle j’ai pu assister lors de Paris Web (souvenez-vous!). David Rault est consultant typographe et parle de la typographie comme d’un bon vieil ami, avec chaleur, simplicité et beaucoup d’affection.
Au programme de sa conférence :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Cette semaine fût également pour moi l’occasion de découvrir (et donc de vous partager!) le travail d’Eirik Solheim qui a créé une merveilleuse vidéo time-lapse d’un an… en 2 minutes ! Créé en 2010 à l’aide d’un Canon 400D qui a shooté 16000 photos prises toutes au même endroit, Eirik a trié et selectionné 35000 photos pour créer cette année en 2 minutes. Bluffant de voir la naissance, la mort et la renaissance de la nature…
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Et pour finir, ce sera le WTF de la semaine avec les supers-pouvoirs… totalement inutiles ! ;-)
Pour conclure, ce mois de Janvier sera riche en évènements, entre TedxParis ce samedi, entre la conférence de la designer Carole Collet à l’Ensad le 19 Janvier le et le Lift de Genève début Février, j’espère pouvoir faire quelques photos et résumés :-)
]]>On commence donc cette semaine avec le travail de Lauren Mae Oswald, graphiste qui étudie le design aux États-Unis. Grande passionnée de typographie, de formes, d’espace, de couleur et de matière, elle a redesigné les 12 feutres marqueurs “Prismacolor” pour les rendre plus émotionnels, plus sensibles, plus élégants. Le nouveau paquet offre ainsi une meilleure expression artistique de la marque, le tout avec une typo faite main :-)
On enchaîne notre revue de la semaine avec cet étudiant en cinéma qui a enfin trouvé son loisir… Alex Eyler a ainsi réalisé des scènes de films célèbres en utilisant des blocs de légos. On appréciera notamment les cadrages, la construction et aussi le post-traitement photographique qu’il y a ensuite. La plupart des scènes étant issues de films connus, je pense que vous serez en mesure de reconnaître de quels films il s’agit… Allez je vous aide un peu : The Shining, Psychose, Star Wars, Harry Potter… Mais je vous laisse découvrir le reste ;-)
J’ai également pu découvrir récemment le travail de Pablo Wendel qui a su perturber quelque peu les autorités chinoises lorsqu’il était étudiant ! Ce jeune artiste étudiait alors au département des nouveaux médias et language du corps à l’Académie nationale de Chine de Hangzhou et a réalisé “Terracoyta Warrior”. Cette intervention in situ dans l’une des plus grandes œuvres de Chine (il s’agit de l’armée des 7000 soldats de terre-cuite de l’empereur Qin Shi Huangdi) a provoqué quelques sueurs froides aux militaires et autres membres de la sécurité sur place. Pablo Wendel s’est déguisé en guerrier de terre cuite, s’est placé pendant environ 23 minutes entre les plus de 2000 soldats et a attendu… Voilà ce que ça a donné :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Toujours placé sous le thème de l’éducation, ici nous avons la collaboration entre université & entreprise. Voilà un projet de design qui donne un nouveau souffle à la préhension robotique. Ce travail, développé par IRobot et un étudiant de l’Université de Chicago, John Amend, est plutôt intéressant de par sa simplicité technique. Schématiquement, imaginez un sac en plastique rempli de graines de café dont l’extrémité est tenu par un aspirateur. Actuellement, le calcul de l’angle d’approche pour un robot est une tâche très complexe, ici, pas besoin d’angle, le petit sac vient se coller contre l’objet, tout simplement. Vraiment bluffant :-)
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Pour son projet de thèse finale à la Rhode Island School of Design, Calvin Waterman a produit un projet intitulé “Don’t Trip”. Ce projet explore la relation entre prose et scénarii illustrés, c’est un peu une œuvre “dont vous-êtes le héros”. Au travers d’une installation “virtuelle” dans un coin, il propose aux spectateurs de pousser un des cinq boutons qui correspondent chacun à la vie d’un personnage. Dans ce coin, un cube, réel, vient rajouter du volume à la scène et rajouter un élément de décors qui se transforme selon les différents scénarii.
Calvin Waterman a ainsi utilisé pour sa réalisation, MAX MSP, Arduino, un circuit de cinq boutons, un projecteur, un ordinateur, 15 animations vidéo et quelques impressions, le tout est plongé dans une lumière fluorescente qui donne une ambiance particulière à la scène.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Le dernier projet de cette semaine est signé Melissa Cooke, une toute jeune diplômée de l’Université des Beaux-Arts du Wisconsin. Elle a décidé de créer ce qui ne peut être soumis au dessin à la mine graphite (le crayon en bois que nous connaissons bien), mais elle réduit la mine de ses crayons en poudre pour ensuite l’appliquer en couches minces sur des grandes feuilles de papier. Le résultat est assez impressionnant, voire hyper-réaliste.
Et comme chaque semaine, voici le WTF, aujourd’hui c’est une visualisation d’information sur… les thèses !
Pour mot de la fin, je vous invite à aller voir ce que certaines écoles d’art & de design ont dans le ventre, au travers de leurs chaînes Dailymotion ou youtube comme la chaîne de l’Ensad, celle de l’Ensci, celle du I.D.E Royal College of Art, l’Ecole d’art d’Aix, et bien d’autres encore… ;-)
]]>En ce 23 septembre, des mots mêmes de ces citoyens graphistes, « ça passe ou ça casse ». Pour que la création accompagne les slogans, OWNI vous propose de vous afficher là où ça se passe : dans la rue !
Dès maintenant, n’importe quel internaute, graphiste ou dessinateur, professionnel ou amateur, est invité à envoyer son slogan visuel à concours@owni.fr : une image format A4 et/ou A3 en haute définition résumant son idée de la mobilisation. Le démantèlement des retraites, l’imposture sarkozyste, le scandale Woerth, l’attachement à la solidarité « à la française »… Le sujet, les mots, les couleurs seront les vôtres.
Chaque participation sera publiée (sous licence Creative Commons) sur le blog Affichez Vous ! et ici-même dans cet article, qui sera mis à jour en temps-réel : les posters qui récolteront le plus de commentaires, tweets et autres réactions numériques (et nos coups de coeur !) seront imprimés format A4 et A3 et distribués sur le parcours de la manifestation à Paris. Tous seront également téléchargeables et impribale par chacun !
A la soucoupe, nous irons au bout de nos cartouches d’encre /-)
Soyez idéalistes, provocs et visuels : votre dessin survolera peut-être demain le cortège parisien contre la réforme des retraites. Et n’hésitez pas à imprimer vous-même les slogans visuels qui vous inspirent : deux liens (imprimer en A3 / imprimer en A4) seront ajoutés sous chaque image.
En couleur ou en noir et blanc, l’important, pour ce #23sept c’est aussi de s’afficher !
Cet article sera mis à jour au fur et à mesure avec vos contributions.
—
Imprimez, collez, distribuez l’affiche en format A3.
Image CC Loguy pour OWNI. Imprimez, collez et distribuez cette affiche en format A3.
Image en CC de Louison pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A3.
Image en CC de tOad pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’image en format A4
Image en CC de Marion Boucharlat pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A3.
Image en CC de Marion Boucharlat pour OWNI.Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A3
Image en CC de tOad pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A4
Image en CC de Elsa Secco pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A3
Image en CC de Elsa Secco pour OWNI : Imprimez, distribuez, collez l’affiche en format A3
Image en CC de Elsa Secco pour OWNI : Imprimez, distribuez, collez l’ affiche en format A3
Image en CC de Elsa Secco pour OWNI : Imprimez, distribuez, collez l’ affiche en format A3
Image en CC de Elsa Secco pour OWNI : Imprimez, distribuez, collez l’ affiche en format A3
Trop Pas nous a proposé un slogan, travail, famine, pâtes riz, en nous chargeant du design. Loguy a suggéré de mettre un simple drapeau tricolore en fond, tant la phrase est forte. Et Marion Boucharlat a finalisé le tout, en CC bien sûr.
Imprimez, collez, distribuez l’affiche en format A4.
Image CC Jean-Pierre Cousin pour OWNI. Imprimez, distribuez, collez l’image en format A4.
Image CC anonyme pour OWNI. Imprimez, collez et distribuez l’affiche au format A3.
Quelques Manifestants portant ces affiches :
Photos CC Rémi Vincent et Martin Clavey
Cet article sera mis à jour tout au long de la journée.
]]>Le support pour les dessins de Gilles est Photoshop, qui permet de dessiner directement sur les photographies en utilisant les calques et surtout une tablette graphique. Sur Photoshop, la forme du pinceau peut être réglée afin d’avoir différents rendus selon la pression ou l’inclinaison du stylet, de façon à simuler l’usage du crayon sur le papier. La technique de Gilles, c’est de retraduire les différentes zones de la photographie en plusieurs aplats colorés ; les objets du fond restent sans contours, alors que les personnages sont délimités par des traits noirs.
Le résultat est naturellement loin de l’image photographique de départ, mais ce qui est intéressant, c’est que certains effets photographiques sont conservés, comme des jeux d’ombres et de lumières, des cadrages qui “coupent” les personnages ou certains bougés typiques de l’image photographique. Ces effets se retrouvent surtout dans des scènes nocturnes, puisque ils retraduisent le rendu de la photographie de nuit, et notamment les formes allongées et floues des lumières (dues à un long temps de pose, nécessaire avec une faible luminosité), ou des images très sombres avec seulement quelques points de lumière (dues au fait que la latitude d’exposition de l’appareil, c’est-à-dire la faculté à restituer une plage de luminosité sans sous-exposer ou surexposer des zones très contrastées, est beaucoup plus faible par rapport à celle de l’œil humain).
Gilles m’explique que, parmi toutes les techniques qu’il a expérimentées, celle-ci est celle avec laquelle il arrive le mieux à donner un « caractère physique » à ses personnages et à son histoire, et à les faire en quelque sorte « être là » : « Avant, je dessinais tous les objets du décor séparément et, après, je les rassemblais en faisant un collage, mais le résultat n’était pas crédible, ça ne se tenait pas ». Dans ce cas, Photoshop sert donc de support pour passer d’une photographie au dessin, et c’est justement la proximité entre ces deux « systèmes » d’images qui permet de conserver une perspective unifiée pour le décor et les personnages.
Cette technique peut être vue comme le correspondant pour l’image fixe de ce qu’est la « rotoscopie » pour l’image animée, un procédé qui consiste à transformer un film en dessin animé. La rotoscopie n’est pas une nouvelle technique (elle a été inventée en 1914 et utilisée plusieurs fois par Disney); cependant, de nouveaux styles sont issus des plus récents moyens d’« abstraction photographique », et notamment du logiciel Rotoshop (dont le nom rappelle expressément celui de Photoshop), qui permet l’« interpolation » des images en mouvement et le « freezing » pour figer les décors, et qui a été utilisé pour les films Waking Life (2001) et A Scanner Darkly (2006).
Comme Fanny Lautissier l’a déjà observé pour le film Valse avec Bachir, on assiste dans ces cas à « une contamination visuelle de la représentation à vocation réaliste par une dimension imaginaire »[1]; parallèlement, en ce qui concerne Nord, Nord-Est, des « effets de réel » provenant de l’esthétique photographique sont utilisés pour rendre les décors dessinés plus crédibles et pour nous plonger dans une histoire. Est-ce que ce « photoréalisme » peut nous faire réfléchir sur le rôle de l’image et sur sa capacité de « mise en scène » et « réalisation » d’un récit?
]]>